La révolution commence dans la cuisine
Il était une fois, en 2011, j’étais tout fraichement sortie des études, je vivais de petits boulots et je ne roulais pas sur l’or. Mais il y avait une chose que je ne voulais pas négliger : la qualité de la nourriture.
Déjà à l’époque, alors que je n’avais que de très petits salaires (voire même un RSA dans les quelques temps qui ont suivi), je refusais de me nourrir de bouffe industrielle dégueulasse. Ça avait l’air moins cher, c’est vrai, mais ça ne me convenait pas. Les pesticides, le gras, le sel, les conditions de fabrication, rien ne me paraissait acceptable.
C’est à cette époque que j’ai découvert la Guill’Amap et ses bons légumes, fruits et autres produits se la ferme, et 3 P’tits pois, une épicerie 100% bio et principalement en vrac qui était assez unique en son genre à l’époque. Plus de 10 ans plus tard, je suis toujours adhérente à la Guill’Amap, je fais même partie du CA, et je fais toujours mes courses chez 3 P’tits pois.
À l’époque, je voulais prouver qu’on pouvait bien manger même sans être riche. Que l’on pouvait se nourrir exclusivement en bio, local, et la preuve, c’était simple : si j’y arrivais, ce n’était pas impossible.
Alors j’ai créé ce blog pour partager des recettes simples, mais toujours faites avec des produits bruts, le moins de produits transformés possible, précisément parce que c’est ce qui coûte cher dans l’alimentation, et en particulier dans le bio.
Aujourd’hui, j’ai grandi, et j’ai compris aussi que j’étais une privilégiée, et que si j’y arrivais ça ne voulait pas dire que tout le monde devait y arriver. J’ai toujours eu des jobs proche de chez moi, avec très peu de temps de transport, j’habite en ville et je n’ai qu’à descendre de chez moi et marcher 5 minutes pour faire mes courses, je n’ai pas d’enfants, j’ai le temps le week-end de préparer des choses pour la semaine. Je suis tout à fait consciente que lorsqu’on a un boulot très prenant, avec un temps de transport important, des enfants à gérer, tout est bien plus compliqué, et on achète des choses toutes faites parce que sinon la charge mentale est bien trop lourde.
Je sais aussi désormais que le zéro déchet n’a pas un impact très important sur notre empreinte carbone, mais que c’est une charge mentale immense, en particulier pour les femmes qui sont encore majoritairement chargées du travail domestique.
Donc je me suis assouplie sur ces points de vue, mais il y a une chose sur laquelle je ne change pas d’avis : révolutionner sa manière de manger est un premier pas vers un changement de vie avec un impact réellement global. Quand on a un peu de temps pour cuisiner, on ne devrait jamais se priver de le faire. Les raisons principales sont les suivantes :
- Quand on est en cuisine avec les mains occupées, on a le cerveau disponible, et c’est si rare d’avoir le cerveau disponible. C’est le moment de penser, de réfléchir, ou de discuter. Quoi de mieux que la cuisine entre copains ? Je crois que c’est autour de la préparation d’un repas que j’ai eu les meilleures discussions avec mes ami·es, des discussions intimes, ou des discussions pour refaire le monde.
- Cuisiner fait prendre conscience de ce que l’on mange et de l’importance de la nourriture. Quand on a passé du temps à cuisiner, on pense aussi aux personnes qui ont passé du temps à faire pousser les légumes, à récolter le grain et à le moudre, à transformer le fromage, etc. Aujourd’hui, on se bat pour continuer à rouler à 130km/h sur l’autoroute, alors que les sécheresses détruisent les cultures. Que ferons-nous quand on pourra conduire toujours nos voitures mais qu’on ne pourra plus manger ?
- Si on prend un tout petit peu de temps pour cuisiner, on peut arrêter d’acheter des choses toutes prêtes. La matière première coûte moins cher, et on peut se permettre d’acheter de la meilleure qualité.
- Plus on cuisine maison avec des bons produits, plus on aime ça, et moins on a envie de manger au fast-food. (Pour ma part je n’ai jamais été très fan, mais mon chéri était fan de MacDo quand on s’est rencontrés, maintenant il n’y va plus et il trouve ça dégueulasse…)
Le résultat global, c’est qu’on se préoccupe plus de la planète, de ce qui nous nourrit, acheter bio permet de réduire les pesticides sur la planète, et ainsi réduire l’effondrement de la biodiversité.
Encore une fois, je suis consciente que tout le monde n’a pas le temps, ou même les moyens, et que pour certains, acheter seulement la matière première version premier prix pas bio est le seul moyen de se nourrir. Mais je vois aussi autour de moi des gens avec des niveaux de vie élevés qui n’achètent que des produits de mauvais qualité juste parce qu’ils n’ont pas l’habitude de cuisiner. C’est à ces personnes là que je voudrais partager mes recettes.
Alors voilà, un long texte pour dire bien peu de chose en somme. Cuisiner n’est pas compliqué, et ça peut changer tellement de choses.
C’est pourquoi je pense que la révolution commence dans la cuisine.
PS : Il y a autre chose qui a changé depuis 2011, je suis devenue végétarienne. Je cuisinais peu de viande, mais vous trouverez encore de vieilles recettes avec des lardons, et 2 ou 3 recettes de viande spécifiquement. Elles sont là mais j’ai supprimer la catégorie « viande » du menu qui liste toutes les catégories.